dimanche 28 février 2016

II. La Science Comme Sabre Jedi



A. Introduction :

Lorsque nous appréhendons les relations scientifico-religieuses, nous nous trouvons très vite confrontés à l'usage des théories scientifiques comme un sabre jedi de la saga de la guerre des étoiles.



L'usage de la science comme une arme de la vérité absolue est un signe de l'ignorance du mode de fonctionement épistémologique et de la philosophie des sciences.


Les modèles et théories scientifiques ne sont pas des preuves d'une véracité absolue. Or, la science repose précisément sur le principe du doute et de la réfutabilité. Une théorie n'est ainsi valable que dans le cadre de la confrontation de son paradigme fondateur aux expérimentations, et elle n'a aucune vocation idéologique religieuse ou anti-religieuse.

L'usage des acquis scientifiques comme une démonstration du bien fondé de l'existence ou de l'inexistence d'un dieu, de la pertinence d'un texte sacré fondateur d'une religion, ou de la valeur en termes de vérité des croyances religieuses au sens plus large, est une aliénation de la philosophie fondatrice de la démarche scientifique qui est en dernière instance le principe du doute.


B. Le théorème d'Incomplétude de Gödel :

Par ailleurs, comme cela a été mathématiquement démontré par Gödel dans son théorème d'incomplétude, toute théorie est définitivement condamnée à demeurer incomplète et contradictoire.


B-1. Premier Théorème :

Dans n'importe quelle théorie récursivement axiomatisable, cohérente et capable de  formaliser l'arithmétique, on peut construire un énoncé arithmétique qui ne peut être ni prouvé ni réfuté dans cette théorie.

De tels énoncés sont dits indécidables dans cette théorie. On dit également indépendants de la théorie.

En fait toute approche empirique fondée sur l'induction, ou sur la déduction est, en soi, déjà une limite technique nous obligeant à étendre une série finie de mesures et d'observations sur une espérance statistique. Or, ce type d'extension est déjà en soi un principe épistémologique que nous ne pouvons tenir pour strictement fondé. Puisque à défaut de pouvoir identifier de facon absolue, et de démontrer que les processus conduisant à cette attente sont réellement bien fondés et toujours stables : nous demeurons définitivement impuissants à établir la justification d'une telle espérance probabiliste.


B-2. Second Théorème :

Si T est une théorie cohérente qui satisfait des hypothèses analogues, la cohérence de T, qui peut s'exprimer dans la théorie T, n'est pas démontrable dans T.

Par ce théorème, dont nous commençons à entrevoir l'importance capitale en philosophie des sciences, Gödel a en fait démontré que toute théorie fondée dans le cadre de démonstrations mathématisables, est condamnée à demeurer strictement incomplète. Puisqu'il existera toujours des axiomes fondateurs que la théorie ne pourra pas démontrer, en dépendant elle-même. Même si ces axiomes se fondaient sur d'autres axiomes, également à démontrer et ce à l'infini.


C. L'Etat Actuel des Modèles et Théories Scientifiques :

A ce jour, il n'existe aucun domaine d'étude qui aie effectivement abouti à une théorie unique et complète.

C-1. L'Univers :

Les modèles de l'Univers sont ainsi nombreux et mutuellement exclusives. Même la théorie Standard a ainsi de nombreuses sous-versions et adaptations aux observations diverses [1]. Et l'absence d'observations au sujet de la matière sombre ou de l'energie sombre demeure un chantier.


C-2. L'Evolution biologique :

Il n'existe pas à ce jour un arbre de l'évolution qui soit entièrement conforté de façon réfutable faisant l'unanimité des théoriciens. Les théories sont diversifiées : théorie synthétique, neutralisme, équilibres ponctués, ...


C-3. L'Embryogenèse :

Les mécanismes qui dirigent l'embryogenèse sont encore extrêmement lacunaires, et si pauvres et spéculatifs que les théories sont dignes des mythes antiques.


C-4. La Structure Atomique :

Pour la structure des atomes aussi, il existe des modèles contradictoires : ondulatoire, corpusculaire et quantique.


C-5. La Physique :

La physique qui est la science considérée généralement comme la plus dure souffre elle-même d'une profonde contradiction apparente : la relativité générale et la physique quantique sont en effet toutes deux largement confortées dans leurs domaines respectifs, tout en demeurant incompatibles et contradictoires à plusieurs égards...

Par conséquent, la réalité du terrain aussi conforte la démonstration de Gödel sur l'impossibilité de démontrer un domaine d'étude intégralement, et sans contradiction.



D. Pourquoi Existe-t-il Des Lois :

Nous en concluons donc tout naturellement que la science ne sera jamais apte à expliquer le comment intégral de l'existence de lois dans des théories complètes entièrement vérifiables. Ce qui revient à dire que l'usage péremptoire des sciences comme une preuve de l'inutilité de faire appel à une cause principielle invérifiable expérimentalement. Puisque la science ne permet pas de fonder un modèle qui ne fasse pas appel à des axiomes ou conjectures fondatrices, et elle ne s'en débarrasera définitivement jamais d'après la démonstration mathématique formelle du théorème d'incomplétude.


D-1. Un Espace Impossible :

Si on accepte que l'espace est séparé vraiment, et euclidien alors pour faire un tour complet de ce flocon de Koch je dois traverser une infinité de points... Ce qui nécessiterait un temps composé d'une infinité d'instants.




Si l'espace existait réellement et de façon fidèle à notre intuition, étant divisible à l'infini, tout mouvement stable et régulier y serait strictement impossible.


Considérons une distance [a,b] de longueur quelconque à parcourir en Δt : -- > distance composée d'une infinité de points et durée composée d'une infinité d'instants ; nous aboutissons alors à l'équation suivante : ∞/∞=n

Ce qui signifie que même avec une vitesse infinie, je ne devrais obtenir aucune vitesse stable permise mathématiquement, donc l'Univers devrait être totalement chaotique. Or, c'est au contraire extrêmement bien cousu.

De même, penser un espace discret et non continu n'est pas intuitivement permis, et n'est pas plus pertinent que la conception improbable d'un mouvement dans un espace réel et séparé commutatif.


D-2.  Effets Magiques et Lois Mystérieuses :

Ainsi, il apparait que l'existence des lois est par essence contre-intuitive. En sorte que leur existence viole l'intuition innée de notre mode de cognition. Puisqu'un espace conforme à l'intuition n'est mathématiquement pas compatible avec une quelconque notion de mouvement ordonné, et que les quatre forces fondamentales mystérieuses (interaction nucléaire forte, interaction électromagnétique, interaction nucléaire faible et la gravitation) a effets magiques sont fondamentalement contre-intuitives, sans parler des constantes physiques, ou de l'energie noire etc.








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[1] La modularité irritante du modèle standard répond au flou mathématisable d'un modèle de l'Univers dont les limites deviennent récursivement indécidables. Caractéristique typique de théories très étendues, dont le cas de la théorie des cordes caractérise bien la problématique sur le papier.






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